Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/431

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Les rois d’Eſpagne, plus jaloux de leurs uſurpations que les autres ſouverains, voulurent leur donner de nouveaux appuis, dans des ſuperſtitions plus uniformes. Ils ne virent pas que les ſyſtêmes des hommes ne peuvent pas être les mêmes ſur un être inconnu. En vain la raiſon crioit à ces imbéciles monarques, que nulle puiſſance n’eſt en droit de preſcrire aux hommes ce qu’ils doivent penſer ; que la ſociété n’a pas beſoin, pour ſe ſoutenir, d’ôter aux âmes toute eſpèce de liberté ; & qu’exiger par la force une formule de foi, c’eſt impoſer un faux ferment qui rend un homme traître à ſa conſcience, pour en faire un ſujet fidèle ; que la politique doit préférer tout citoyen qui ſert la patrie, à celui qui eſt inutilement orthodoxe. Ces principes éternels & inconteſtables, ne furent pas écoutés. Leur voix étoit étouffée par l’apparence d’un grand intérêt, & encore plus par les cris furieux d’une foule de prêtres fanatiques, qui ne tardèrent pas à s’emparer de l’autorité. Le prince devenu leur eſclave fut forcé d’abandonner ſes ſujets à leurs caprices, de les laiſſer opprimer, d’être ſpectateur oiſif des cruautés qu’on exerçoit contre