Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/53

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Elles étoient honorées, ces vertus, comme les ſervices rendus à la patrie. Ceux qui s’étoient diſtingués par une conduite exemplaire, ou par des actions d’éclat utiles au bien public, portoient pour marque de décoration des habits travaillés par la famille des incas. Il eſt fort vraiſemblable que ces ſtatues que les Eſpagnols prétendoient avoir trouvées dans les temples du ſoleil, & qu’ils prirent pour des idoles, étoient les ſtatues des hommes qui, par la grandeur de leurs talens, ou par une vie remplie de belles actions, avoient mérité l’hommage ou l’amour de leurs concitoyens.

Ces grands hommes étoient encore les ſujets ordinaires des poëmes composés par la famille des incas, pour l’inſtruction des peuples.

Il y avoit un autre genre de poëme utile aux mœurs. On repréſentoit à Cuſco, & peut-être ailleurs, des tragédies & des comédies. Les premières donnoient aux prêtres, aux guerriers, aux juges, aux hommes d’état, des leçons de leurs devoirs, & des modèles de vertus publiques. Les comédies ſervoient d’inſtruction aux conditions inférieures, &