Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/74

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Ceux de ſes partiſans qui avoient échappé au carnage ſe ſeroient volontiers réconciliés avec le parti vainqueur. Soit que Pizarre n’osât pas ſe fier aux ſoldats de ſon rival, ſoit qu’il ne pût pas ſurmonter un reſſentiment trop enraciné, il eut toujours pour eux un éloignement marqué. On ne les excluoit pas ſeulement des grâces que l’acquiſition d’un grand empire faiſoit prodiguer ; on les dépouilloit encore des récompenſes anciennement accordées à leurs ſervices ; on les persécutoit, on les humilioit.

Ces traitemens en conduiſent un grand nombre à Lima. Là, dans la maiſon du fils de leur général, ils concertent dans le ſilence la perte de leur oppreſſeur. Dix-neuf des plus intrépides en ſortent, l’épée à la main, le 26 juin 1541, au milieu du jour, tems de repos dans les pays chauds. Ils pénètrent, ſans réſiſtance, dans le palais de Pizarre ; & le conquérant de tant de vaſtes états eſt paiſiblement maſſacré au milieu d’une ville qu’il a fondée, & dont tous les habitans ſont ſes créatures, ſes ſerviteurs, ſes parens, ſes amis ou ſes ſoldats.

Ceux qu’on croit les plus diſposés à venger