Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/93

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X. Étendue, climat, ſol, fortifications, port, population, mœurs, commerce de Carthagène.

La province de Carthagène eſt bornée à l’Oueſt par la rivière de Darien, & à l’Eſt par celle de la Magdelaine. Elle a cinquante-trois lieues de côte & quatre-vingt-cinq dans l’intérieur des terres. Les montagnes arides & très-élevées qui occupent la plus grande partie de ce vaſte eſpace, ſont ſéparées par des vallées larges, arroſées & fertiles. L’humidité & la chaleur exceſſives du climat empêchent, à la vérité, que les grains, les huiles, les vins, que les fruits de l’Europe n’y puiſſent proſpérer : mais le riz, le manioc, le mais, le cacao, le ſucre, toutes les productions particulières à l’Amérique y ſont fort communes. On n’y cultive cependant pour l’exportation que le coton ; & encore a-t-il la laine ſi longue, eſt-il ſi difficile à travailler, qu’il n’eſt acheté qu’au plus vil prix dans nos marchés, qu’il eſt rebuté par la plupart des manufactures.

Baſtidas fut le premier Européen qui, en 1502, ſe montra ſur ces plages inconnues. La Coſa, Guerra, Oſeda, Veſpuce, Oviédo, y abordèrent après lui : mais les peuples que ces brigands ſe propoſoient d’aſſervir, leur opposèrent une telle réſiſtance, qu’il leur