Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/95

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ſubſiſte avec éclat dans une preſqu’iſle de ſable qui ne tient au continent que par deux langues de terre, dont la plus large n’a pas plus de trente-cinq toiſes. Ses fortifications ſont régulières. La nature a placé à peu de diſtance une colline de hauteur médiocre, ſur laquelle on a conſtruit la citadelle de Saint-Lazare. Une garniſon, plus ou moins nombreuſe, ſelon les circonſtances, défend tant d’ouvrages. La ville eſt une des mieux bâties, des mieux percées, des mieux diſposées du Nouveau-Monde. Elle peut contenir vingt-cinq mille âmes. Les Eſpagnols forment la ſixième partie de cette population. Les Indiens, les nègres, les races formées de mélanges variés à l’infini, compoſent le reſte.

Cette bigarrure eſt plus commune à Carthagène que dans la plupart des autres colonies. On y voit arriver continuellement une foule de vagabonds, ſans biens, ſans emploi, ſans recommandation. Dans un pays, où n’étant connus de perſonne, aucun citoyen n’oſe prendre confiance en leurs ſervices ; leur deſtinée eſt de vivre misérablement d’aumônes conventuelles, & de coucher au coin d’une place ou ſous le portique de quelque égliſe.