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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/98

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La ville & ſon territoire préſentent le ſpectacle d’une lèpre hideuſe qui attaque indifféremment les régnicoles & les étrangers.

Les phyſiciens, qui ont voulu attribuer cette calamité à la chair de porc, avoient oublié qu’on ne voit rien de ſemblable dans les autres parties du Nouveau-Monde, où cette nourriture n’eſt pas moins commune. Pour en arrêter la contagion, il a été fondé un hôpital. Ceux qu’on en croit attaqués y ſont renfermés, ſans diſtinction de ſexe, de rang & d’âge. Le fruit d’un établiſſement ſi raiſonnable eſt perdu par l’avarice des adminiſtrateurs, qui, ſans être arrêtés par le danger des communications, permettent aux pauvres de ſortir & d’aller mendier. Auſſi le nombre des malades eſt-il ſi grand, que l’enceinte de leur demeure a une étendue immenſe. Chacun y jouit d’un petit terrein qui lui eſt marqué à ſon entrée. Il s’y bâtit une habitation relative à ſa fortune, où il vit ſans trouble juſqu’à la fin de ſes jours, qui ſont ſouvent longs, quoique malheureux. Cette maladie excite ſi puiſſamment au plaiſir, dont l’attrait eſt le plus impérieux, qu’on a cru devoir permettre le mariage à ceux qui en ſont attaqués. C’eſt une