Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/126

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que. Une révolution favorable à l’humanité échappe preſque généralement, même au milieu du dix-huitième ſiècle, de ce ſiècle de lumières, de philoſophie. On parle du bonheur des nations. On ne le voit pas, on ne le ſent pas.

On fronde avec amertume les fauſſes opérations du gouvernement ; & lorſqu’il lui arrive, par haſard, d’en faire une bonne, on garde le ſilence. Peuples, dites-moi, eſt-ce donc la reconnoiſſance que vous devez à ceux qui s’occupent de votre bonheur ? Cette eſpèce d’ingratitude eſt-elle bien propre à les attacher à leurs pénibles devoirs ? Eſt-ce ainſi que vous les engagerez à les remplir avec diſtinction ? Si vous voulez qu’ils ſoient attentifs au murmure de votre mécontentement lorſqu’ils vous vexent ; que les cris de votre joie frappent leurs oreilles avec éclat, lorſque vous en êtes ſoulagés. A-t-on allégé le fardeau de l’impôt, illuminez vos maiſons ; ſortez en tumulte ; rempliſſez vos temples & vos rues ; allumez des bûchers ; chantez & danſez à l’entour ; prononcez avec allégreſſe, béniſſez le nom de votre bienfaiteur. Quel eſt celui d’entre les adminiſtrateurs de