Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/214

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ce, le découragement. Les eſprits, qui n’aiment à s’occuper que de débauches & d’expiations, que de miracles & de ſortilèges, s’échaufferont ſur les intérêts publics. La nation débarraſſée de ſes entraves, rendue à ſon activité naturelle, prendra un eſſor digne de ſes premiers exploits.

Le Portugal ſe rappellera, qu’il dut ſon opulence, ſa gloire, ſa force, à ſa marine, & il s’occupera des moyens de la rétablir. Il ne la verra plus réduite à dix-ſept vaiſſeaux de ligne, à vingt-cinq bâtimens de guerre d’un ordre inférieur, à une centaine de navires marchands ; tous mal conſtruits & mal équipés. Sa population, réduite à un million neuf cens ſoixante mille âmes, renaîtra pour couvrir ſes ports & ſes rades de flottes agiſſantes. Cette création ſera difficile, ſans doute, pour une puiſſance dont le pavillon n’eſt connu ſur aucune mer d’Europe, & qui, depuis un ſiècle, a abandonné ſa navigation à qui a voulu s’en ſaiſir ; mais un gouvernement devenu ſage, ſurmontera tous les obſtacles. Une fois parvenu à faire toute la navigation qui lui eſt propre, il retiendra dans l’état des ſommes conſidérables, que le fret en fait ſortir continuellement.