Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avenir, lorſqu’on ne voit point ſortir des ruines de Liſbonne un meilleur ordre de choſes, un nouvel état, un peuple nouveau ? La nation à laquelle une grande cataſtrophe n’apprend rien, eſt perdue ſans reſſource, ou ſa reſtauration eſt renvoyée à des ſiècles ſi reculés, qu’il eſt vraiſemblable qu’elle ſera plutôt anéantie que régénérée. Que le ciel écarte ce terme fatal du Portugal ! qu’il en éloigne le préſage de ma pensée où il ne pourroit ſe fixer ou rentrer ſans me plonger dans une profonde affliction. Mais, dans ce moment, je ne puis me diſſimuler qu’autant les grands écarts de la nature donnent de reſſort aux eſprits éclairés, autant ils accablent les âmes flétries par l’habitude de l’ignorance & de la ſuperſtition. Le gouvernement, qui ſe joue par-tout de la crédulité du peuple, & que rien ne ſauroit diſtraire de ſon empreſſement à reculer les limites de l’autorité, devint plus entreprenant au moment que la nation devint plus timide. Des conſciences hardies opprimèrent les conſciences foibles ; & l’époque de ce grand phénomène, fut celle d’une grande ſervitude. Triſte & commun effet des cataſtrophes de la nature. Elles livrent preſque tou-