Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/265

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les préjugés des peuples ſauvages ſur les tems & ſur les ſaiſons. Leur désœuvrement & l’habitude où ils ſont de vivre en plein champ, les met dans l’occaſion & la néceſſité d’obſerver les plus petits changemens qui ſe paſſent dans l’air, & d’acquérir ſur ce ſujet des connoiſſances qui échappent à des nations plus éclairées, mais plus occupées & vouées à des travaux plus sédentaires. Peut-être eſt-ce à l’homme des forêts à trouver les faits, & aux ſavans à chercher les cauſes. Démêlons, s’il ſe peut, celle des ouragans, phénomène ſi commun en Amérique, qu’il auroit ſuffi ſeul pour la faire déſerter, ou la rendre inhabitable depuis des ſiècles.

Aucun ouragan ne vient de l’eſt, c’eſt-à-dire, du plus grand eſpace de mer qu’on voie aux Antilles. Ce fait bien conſtaté nous engageroit à croire qu’ils ſe forment tous dans le continent de l’Amérique. Le vent d’oueſt qui règne conſtamment, quelquefois avec beaucoup de force dans la partie du ſud, depuis juillet juſqu’en janvier, & le vent du nord qui ſouffle en même-tems dans la partie ſeptentrionale, doivent, lorſqu’ils ſe rencontrent, ſe heurter avec une violence