Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/278

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ou exterminés. On s’étoit approprié leurs femmes, leurs vivres & la terre qu’ils habitoient. L’eſprit d’inquiétude qui ſuit l’uſurpation, fit penſer aux Européens que les autres peuples ſauvages entroient dans la conſpiration. On les attaqua dans leurs iſles. Inutilement ces hommes ſimples, qui ne ſongeoient pas à diſputer un terrein où la propriété ne les attachoit pas, reculoient les limites de leurs habitations, à meſure que nos prétentions s’étendoient. On ne les en pourſuivoit pas avec moins d’acharnement. Quand ils virent qu’on en vouloit à leur vie ou à leur liberté, ils prirent enfin les armes ; & la vengeance qui va toujours plus loin que l’injure, dut les rendre quelquefois cruels, ſans être injuſtes.

Dans les premiers tems, les Anglois & les François faiſoient cauſe commune contre les Caraïbes : mais cette eſpèce de ſociété fortuite étoit ſouvent interrompue. Elle n’emportoit point d’engagement durable, encore moins de garantie des poſſeſſions réciproques. Quelquefois les ſauvages avoient l’adreſſe de faire la paix tantôt avec une nation, tantôt avec l’autre ; & par-là ils ſe ména-