Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/281

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& ſans enfans, ils avoient pris l’uſage de s’aſſocier deux à deux, pour ſe rendre les ſervices qu’on reçoit dans une famille. Les biens étoient communs dans ces ſociétés, & demeuroient toujours à celui qui ſurvivoit à ſon compagnon. On ne connoiſſoit pas le larcin, quoique rien ne fût fermé ; & ce qu’en ne trouvoit pas chez ſoi, on faiſoit prendre chez ſes voiſins, ſans autre aſſujettiſſement que de les en prévenir s’ils y étoient ; ou s’ils n’y étoient pas, de les en avertir à leur retour. Céſar trouva dans les Gaules le même uſage qui porte le double caractère, & d’un état primitif où tout étoit à tous, & d’une condition poſtérieure, où la notion du tien & du mien étoit connue & reſpectée. Les différends étoient rares, & facilement terminés. Lorſque les parties y mettoient de l’opiniâtreté, elles vuidoient leurs querelles à coups de fuſil. Si la balle avoit frappé par derrière ou dans les flancs, on jugeoit qu’il y avoit de la perfidie, & l’on caſſoit la tête à l’auteur de l’aſſaſſinat. Les loix de l’ancienne patrie étoient comptées pour rien. Ils s’en prétendoient affranchis par le baptême de mer qu’ils avoient reçu