Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/285

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on concluoit qu’il avoit été pris ou tué, & les chaſſes étoient ſuſpendues juſqu’à ce qu’on l’eut retrouvé, ou que la mort eut été vengée. On imagine le carnage que devaient faire autour d’eux, des brigands ſans patrie & ſans loix ; chaſſeurs & guerriers par beſoin, par inſtinct ; excités au ſang & au maſſacre par l’habitude d’attaquer & la néceſſité de ſe défendre. Auſſi, dans leur fureur, tout étoit-il immolé, ſans diſtinction d’âge ni de ſexe. Enfin, les Eſpagnols déſeſpérant de vaincre des ennemis ſi féroces & ſi acharnés, s’avisèrent de détruire eux-mêmes, par des chaſſes générales, tous les bœufs de l’iſle. L’exécution de ce plan, en privant les Boucaniers de leurs reſſources ordinaires, les réduiſit à former des habitations & à les cultiver.

La France qui avoit déſavoué juſqu’alors des brigands dont les ſuccès n’avoient aucune ſtabilité, les reconnut pour ſes ſujets quand ils devinrent sédentaires. Elle leur envoya, en 1665, un homme vertueux & intelligent pour les gouverner. À ſa ſuite partirent des femmes, qui, comme la plupart de celles qu’on a fait paſſer en différens tems dans le