Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/287

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Portugal, par les convulſions du royaume ce Naples, par la deſtruction de ſa redoutable infanterie aux champs de Rocroi, par ſes pertes continuelles dans les Pays-Bas, par l’incapacité de ceux qui la gouvernoient, par l’extinction même de cet orgueil national, qui, après s’être nourri de grandes choſes, avoit dégénéré en une pareſſe ſuperbe : la décadence de l’Eſpagne ne laiſſoit pas douter qu’on ne lui fit la guerre avec ſuccès. La France profitoit habilement de tous ces déſordres, qui étoient en partie ſon ouvrage ; & Cromwel ſe joignit à elle, en 1655, pour enlever quelques pierres d’un édifice qui s’écrouloit de toutes parts.

Cette conduite révolta les meilleurs officiers Anglois, qui n’y apercevoient qu’une grande injuſtice, & les détermina à abandonner le ſervice. Ils jugeoient que la volonté de leurs ſupérieurs ne ſuffiſoit pas pour juſtifier une entrepriſe qui bleſſure tous les principes de l’équité, & qu’en concourant à ſon exécution, ils ſe rendroient coupables d’un crime énorme. L’Europe regarda ces maximes vertueuſes, comme l’effet de cet eſprit moitié fanatique, moitié républicain,