Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/289

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Ces réflexions ne durent point échapper au génie pénétrant & profond du tyran de l’Angleterre. Mais peut-être vouloit-il ſoutenir par des conquêtes importantes, l’opinion que ſa nation avoit de ſes talens. L’exécution de ce plan devenoit chimérique, s’il ſe déclaroit pour l’Eſpagne ; parce qu’il pouvoit tout au plus ſe promettre de rétablir l’équilibre entre les deux partis. Il crut convenable à ſes vues de ſe lier d’abord avec la France, & de la combattre enſuite, lorſqu’il auroit acquis ce qui étoit l’objet de ſon ambition. Quoi qu’il en ſoit de ces conjectures qui ne manquent pas de fondement dans l’hiſtoire, & qui conviennent du moins au caractère du politique étonnant auquel on attribue cette manière de raiſonner, les Anglois allèrent attaquer dans le Nouveau-Monde l’ennemi qu’ils venoient de ſe donner.

Leurs premiers efforts furent dirigés contre la ville de San-Domingo, dont les habitans à la vue d’une flotte nombreuſe commandée par l’eau, & de neuf mille hommes de troupes de terre aux ordres de Venables, ſe réfugièrent dans les bois. Mais les fautes de leur ennemi rendant le courage à ces