Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/300

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entier étoit obligé de reprendre la courſe, de la continuer même juſqu’à ce qu’il y eût des fonds ſuffiſans pour acquitter une dette ſi reſpectable.

Ce qui reſtoit, après ces actes de juſtice & d’humanité, étoit partagé. Le commandant n’avoit étroitement droit qu’à un ſeul lot comme les autres : mais il lui en étoit accordé trois ou quatre, ſelon qu’on étoit plus ou moins content de ſon intelligence, de ſa valeur & de ſa conduite. Si le bâtiment n’appartenoit pas à l’équipage, celui qui l’avoit fourni, avec les munitions de guerre & de bouche, emportoit le tiers des priſes. Jamais la faveur n’influa dans le partage. Tout étoit tiré rigoureuſement au ſort. Cette probité s’étendoit juſqu’aux morts. Leur part étoit donnée à leur compagnon. Si quelqu’un n’en laiſſoit point, ſa part étoit envoyée à ſa famille. Au défaut de l’un & de l’autre, elle étoit diſtribuée aux pauvres & aux égliſes, qui devoient prier pour celui au nom duquel ſe faiſoient ces largeſſes, fruit d’un brigandage inhumain, mais forcé.

Enſuite commençoient les profuſions de tous les genres. La fureur du jeu, du vin,