Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/302

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autant d’état iſolés. Elles ne ſe diſſimuloient pas les inconvéniens de cette conduite : mais la crainte de tomber dans des mains avides & féroces, étoit plus forte que l’honneur, que l’intérêt, que la politique. Telle fut l’époque d’une inaction qui dure encore.

Ce découragement augmenta l’audace des Flibuſtiers. Ils ne s’étoient montrés juſqu’à lors dans les établiſſemens Eſpagnols, que pour y enlever même rarement quelques ſubſiſtances. La diminution de leurs priſes les détermina à demander à la terre ce que la mer leur refuſoit. Les contrées du continent les plus riches & les plus peuplées, furent pillées & dévaſtées. La culture tomba comme la navigation ; & les Eſpagnols n’osèrent pas plus fréquenter leurs chemins que leurs parages.

Parmi les Flibuſtiers qui ſe diſtinguèrent dans cette nouvelle carrière, Montbars, gentilhomme Languedocien, ſe fit un nom ſingulier. Le haſard ayant fait tomber entre ſes mains dès l’enfance, une relation détaillée des cruautés commiſes dans le Nouveau-Monde, il conçut contre la nation qui avoit