Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/310

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trouvées à Sainte-Catnerine, tournèrent leurs voiles vers le Châgre, la ſeule voie qui leur fût ouverte pour arriver au terme de leurs eſpérances.

À l’embouchure de cette rivière importante étoit un fort, conſtruit ſur un roc eſcarpé, que battoient les flots de la mer. Ce boulevard d’un accès difficile, étoit défendu par un officier d’une intrépidité, d’une capacité rares, & par une garniſon digne de ſon chef. Les Flibuſtiers éprouvèrent pour la première fois une réſiſtance égale à leur opiniâtreté. L’on pouvoit douter s’ils vaincroient ou leveroient le ſiège, quand un heureux haſard vint au ſecours de leur gloire & de leur fortune. Le commandant fut tué, le feu prit au fort, & l’aſſaillant profita de ce double malheur pour emporter la place.

Il laiſſa ſes vaiſſeaux à l’ancre, avec les gens néceſſaires pour les garder, & ſur ſes chaloupes remonta le fleuve l’eſpace de quarante-trois milles, juſqu’à Crucès, où il finiſſoit d’être navigable. Il continua ſon chemin par terre juſqu’à Panama, qui n’en étoit éloigné que de cinq lieues. Sur une