Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/315

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parut. Les citoyens, hommes, femmes, enfans furent enfermés dans les égliſes, où ils s’étoient réfugiés. À la porte de chaque temple, on avoit roulé des barils de poudre, pour faire ſauter l’édifice. Un Flibuſtier, la mèche allumée, devoit y mettre le feu au moindre ſignal de ſoulèvement.

Pendant qu’on tenoit ainſi la ville dans la conſternation, elle fut pillée à loiſir ; & après avoir embarqué ce qu’elle avoit de plus riche, on propoſa aux citoyens qu’on tenoit en priſon dans l’aſyle des temples, de racheter leur vie & leur liberté par une contribution de 10 000 000 livres. Ces malheureux, qui n’avoient ni bu, ni mangé depuis trois jours, acceptèrent avec joie la propoſition. La moitié de la ſomme fut payée le jour même. On attendoit l’autre moitié de l’intérieur des terres, lorſqu’on aperçut ſur les hauteurs un corps conſidérable de troupes, & près du port une flotte de dix-ſept vaiſſeaux qui arrivoit d’Europe. À la vue de ces forces, les Flibuſtiers, ſans s’étonner, ſe retirèrent tranquillement avec quinze cens eſclaves qu’ils emmenèrent comme un foible dédomma-