Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/331

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Aucune de ces nations n’y acquit de la gloire, n’y fit des progrès conſidérables. Sur le théâtre de leur déſhonneur, dans les lieux même où elles étoient honteuſement repouſſées, un petit nombre d’aventuriers qui n’avoient de reſſource pour faire la guerre que la guerre même, réuſſiſſoient dans les entrepriſes les plus difficiles. Ils ſuppléoient à ce qui leur manquoit du côté du nombre & de la puiſſance, par leur activité, leur vigilance & leur audace. Une paſſion démeſurée pour l’indépendance & la liberté, produiſoit & nourriſſoit en eux cette énergie capable de tout entreprendre, de tout exécuter ; cette vigueur & cette ſupériorité que la meilleure tactique, les plus fortes combinaiſons, le gouvernement le mieux ordonné, les récompenſes les plus honorables, les diſtinctions les plus marquées ne donneront jamais.

Le principe qui mettoit en activité ces hommes extraordinaires & romaneſques, n’eſt pas facile à démêler. On ne peut pas dire que ce fût le beſoin : ils fouloient une terre qui leur offroit d’immenſes richeſſes, recueillies ſous leurs yeux, par des gens