Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/333

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énervoit les anciens conquérans du Nouveau-Monde ; que les Eſpagnols, alors ſi remuans dans leur patrie, partageoient avec les Américains vaincus, l’habitude de l’abattement & de l’indolence ; des hommes ſortis des climats les plus tempérés de l’Europe, alloient puiſer ſous l’Équateur des forces inconnues à la nature.

Veut-on remonter aux ſources de cette révolution, on verra que les Flibuſtiers avoient vécu dans les entraves des gouvernemens Européens. Le reſſort de la liberté comprimé dans les âmes depuis des ſiècles, eut une activité incroyable, & produiſit les plus terribles phénomènes qu’on ait encore vus en morale. Les hommes inquiets & enthouſiaſtes de toutes les nations, ſe joignirent à ces aventuriers au premier bruit de leurs ſuccès. L’attrait de la nouveauté, l’idée & le déſir des choſes éloignées, le beſoin d’un changement de ſituation, l’eſpérance d’une meilleure fortune, l’inſtinct qui porte l’imagination aux grandes entrepriſes, l’admiration qui mène promptement à l’imitation, la néceſſité de ſurmonter les obſtacles où l’imprudence a précipité, l’en-