Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/343

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commençoit à parler de l’humanité, que l’impoſture ne ceſſe d’appeler un cri de révolte contre la religion. Les écrits de quelques ſages étoient paſſés de leur cabinet dans les mains de la multitude ; ils avoient adouci les mœurs. Cette modération avoit tourné les eſprits à l’amour des arts utiles ou agréables, & diminué du moins l’attrait que les hommes avoient eu juſqu’alors à s’égorger. La ſoif du ſang paroiſſoit apaisée, & tous les peuples s’occupoient avec une grande ardeur, avec des lumières nouvelles, de leur population, de leur culture, de leur induſtrie.

Cette activité ſe faiſoit ſur-tout remarquer dans les Antilles. Les états du continent peuvent ſe ſoutenir, & même proſpérer lorſque le feu de la guerre eſt allumé dans le voiſinage & ſur leurs frontières ; parce qu’ils ont pour but principal le travail des terres & des manufactures, la ſubſiſtance, & les conſommations intérieures. Il n’en eſt pas ainſi des établiſſemens que pluſieurs nations ont formés dans le grand archipel de l’Amérique. La vie & les richeſſes y ſont également précaires. On n’y recueille