Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/354

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

poſſeſſion ſi précieuſe : mais le traité qui la lui rendit, ne fut pas moins généralement blâmé.

Les François, toujours imbus de cet eſprit de chevalerie, qui a été ſi longtems la brillante folie de toute l’Europe, regardent leur ſang comme payé, lorſqu’il a reculé les frontières de leur patrie, c’eſt-à-dire, lorſqu’ils ont mis leur prince dans la néceſſité de les gouverner plus mal ; & ils croient leur honneur perdu, ſi leurs poſſeſſions ſont reſtées ce qu’elles étaient. Cette fureur de conquêtes, qu’il faut pardonner à des tems barbares, mais dont les ſiècles éclairés ne devroient pas avoir à rougir, fit réprouver le traité d’Aix-la-Chapelle, qui reſtituoit à l’Autriche tout ce qu’on lui avoit pris. La nation, trop frivole, trop légère pour être politique, ne voulut pas voir, qu’en formant en Italie un établiſſement quel qu’il fût à l’infant dom Philippe, on s’aſſuroit de l’alliance de l’Eſpagne à qui on donnoit de grands intérêts à diſcuter avec la cour de Vienne ; qu’en garantiſſant au roi de Pruſſe la Siléſie, on établiſſoit en Allemagne deux puiſſances rivales,