Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/367

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ſi forte. Sa chute auroit effrayé les autres nations ; & le pavillon Anglois n’auroit eu qu’à ſe montrer pour donner des loix par tout l’univers. Un ſuccès brillant & déciſif auroit dérobé la violation du droit public à l’aveugle multitude, l’auroit juſtifiée aux yeux de la politique ; & les cris de l’ignorance & de l’ambition auroient étouffé la voix des ſages.

XV. Les commencemens de la guerre furent funeſtes à l’Angleterre.

Une conduite foible, mais toujours injuſte, produiſit des effets contraires. Le conſeil de George II fut haï & méprisé de toute l’Europe. Les événemens ſecondèrent ces ſentimens. La France, quoique ſurpriſe, fut victorieuſe dans le Canada, remporta ſur mer un avantage conſidérable, conquit Minorque menaça Londres même. Son ennemi ſentit alors ce que les bons eſprits diſoient depuis long-tems, même en Angleterre, que les François avoient trouvé l’art de faire toucher les extrêmes ; qu’ils réuniſſoient des vertus & des vices, des traits de foibleſſe & de force qui avoient toujours été jugés incompatibles : qu’ils étoient efféminés, mais braves ; également amoureux du plaiſir & de l’honneur ; sérieux dans la