Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/382

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Les conſeils des rois ſont un ſanctuaire, dont le tems ſeul ouvre le voile d’une main lente. Leurs miniſtres, fidèles au ſecret ou intéreſſés à le cacher, ne parlent que pour égarer dans ſes recherches la curioſité de celui qui s’étudie à les pénétrer. Quelque ſagacité qu’il ait pour découvrir l’origine & la liaiſon des événemens, il eſt réduit à deviner. Lors même qu’il frappe au but, c’eſt ſans le ſavoir, ou ſans oſer l’aſſurer ; & cette incertitude ne ſatiſfait guère plus qu’une ignorance entière. Il faut donc attendre que la prudence & l’intérêt, diſpensés du ſilence, laiſſent éclore la vérité ; que la mort lui rende, pour ainſi dire, le jour & la voix, en ôtant leur pouvoir à ceux qui la tenoient captive ; & que des mémoires précieux & originaux devenus publics, dévoilent enfin le jeu des reſſorts qui ont fait la deſtinée des nations.

Ces conſidérations doivent arrêter celui qui ne voudroit que ſuivre le fil des intrigues politiques. Il ſe briſe au tems qu’elles ſe nouent. On n’en recueilleroit que des débris iſolés, qu’on ne rapprocheroit que par des conjectures haſardées qui s’éloigne-