Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/386

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

montagnes s’abaiſſoient devant lui. Quoique la nation, dont il étoit l’idole, parût quelquefois effrayée de l’énormité de ſes engagemens, il n’en étoit pas embarraſſé, parce qu’à ſes yeux l’eſprit de la multitude n’étoit qu’un torrent auquel il ſauroit donner le cours qu’il voudroit.

Sans inquiétude pour l’argent, il étoit encore plus tranquille pour l’autorité. Ses ſuccès avoient rendu ſon adminiſtration abſolue. Républicain avec le peuple, il étoit deſpote avec les grands, avec le monarque. C’étoit être ennemi de la cauſe commune, que d’oſer montrer des ſentimens différens des ſiens.

Il ſe ſervoit utilement de cet aſcendant pour échauffer les eſprits. Peu touché de cette philoſophie, qui, s’élevant au-deſſus des préjugés de gloire nationale pour embraſſer dans ſes vues le bonheur du genre-humain, ramène tout aux principes de la raiſon univerſelle, il nourriſſoit un fanatiſme ardent & farouche, qu’il appelloit, qu’il croyoit peut-être amour de la patrie, & qui n’étoit au fond qu’une violente haine contre la nation qu’il vouloit opprimer.

Celle-ci