Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/42

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les plus révérées & les plus durables entre des familles séparées par des régions immenſes. Un homme persécuté par ſes concitoyens ou coupable de quelque délit, alloît chercher au loin ou le repos ou l’impunité. Il ſe préſentoit à la porte d’une ville ou d’une bourgade, & il diſoit. « Je ſuis un tel, fils d’un tel, petit-fils d’un tel ; je viens pour telle ou telle raiſon » ; & il arrangeoit ſon hiſtoire ou ſon menſonge de la manière la plus merveilleuſe, la plus pathétique, la plus propre à lui donner de l’importance. On l’écoutoit avec avidité, & il ajoutoit. « Recevez-moi : car ſi vous, ou vos enfans, ou les enfans de vos enfans ſont jamais conduits par le malheur dans mon pays, ils me nommeront, & les miens les recevront ». On s’emparoit de ſa perſonne. Celui auquel il donnoit la préférence s’en tenoit honoré. Il s’établiſſoit dans les foyers de ſon hôte ; il en étoit traité comme un des membres de la famille ; il devenoit quelquefois l’époux, le raviſſeur ou le séducteur de la fille de la maiſon.

C’eſt de ces aventuriers, peut-être, les premiers voyageurs, que ſont iſſus les demi--