Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/63

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s’élever, en ſecondant la valeur & l’intelligence de leurs chefs. L’ardeur du ſoldat & du matelot étoit ſans exemple : rien ne rebutait ces hommes fermes & intrépides. Les fatigues de la mer, les maladies, les combats multipliés : tout ſembloit les aguerrir, & redoubler leur émulation. La compagnie entretenoit ce ſentiment utile par de fréquentes récompenſes. Outre la paie qu’on leur donnoit, elle leur permettoit un commerce particulier. Cette faveur les encourageoit, & en multiplioit le nombre. Leur fortune ſe trouvant liée, par un arrangement ſi ſage, avec celle du corps qui les employoit, ils vouloient être toujours en action. Jamais ils ne rendoient leurs vaiſſeaux ; jamais ils ne manquoient d’attaquer les vaiſſeaux ennemis avec l’intelligence, l’audace & l’acharnement qui aſſurent la victoire. En treize ans de tems, la compagnie arma huit cens navires, dont la dépenſe montoit à 90 000 000 livres. Ils en prirent cinq cens quarante-cinq à l’ennemi, qui, avec les marchandiſes dont ils étoient chargés, furent vendus 180 000 000 livres. Auſſi le dividende ne fut-il jamais au-deſſous de vingt