Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/65

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Alburquerque, Banjola, Louis Rocca de Borgia, & le Bréſilien Cameron, l’idole des ſiens, paſſionné pour les Portugais, brave, actif, rusé, à qui il ne manque pour être général, que d’avoir appris la guerre ſous de bons maîtres. Tous ces différens chefs ſe donnent de grands mouvemens, pour couvrir les poſſeſſions dont on leur avoit confié la défenſe. Leurs efforts ſont inutiles. Les Hollandois achèvent de ſe rendre maîtres de toutes les côtes qui s’étendent depuis San-Salvador juſqu’à l’Amazone.

IX. Plaintes d’un prédicateur Portugais à Dieu, ſur les ſuccès d’une nation hérétique.

Ce fut dans ces circonſtances qu’un Jéſuite éloquent, Antoine Vieira, prononça, dans un des temples de Bahia, le diſcours le plus véhément & le plus extraordinaire qu’on ait peut-être jamais entendu dans aucune chaire chrétienne. La ſingularité de ce ſermon fera peut-être excuſer la longue analyſe que nous en allons donner.

Vieira prit pour texte la fin du pſeaume 43, où le prophète s’adreſſant à Dieu, lui dit : « Réveille-toi, Seigneur ; pourquoi t’es-tu endormi ? pourquoi as-tu détourné la face de nous ? pourquoi as-tu oublié notre misère & nos tribulations ? Réveille-toi ;