Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/87

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prodigieux d’autres rivières, dont pluſieurs ont un fort long cours, & ſont très-larges & très-profondes. Ses eaux forment une infinité d’iſles, trop ſouvent ſubmergées pour pouvoir être cultivées. Elle entre enfin dans l’océan ſous l’équateur même, par une embouchure large de cinquante lieues.

Cette embouchure fut découverte en 1500 par Vincent Pinçon, un des compagnons de Colomb ; & ſa ſource, à ce qu’on croit, en 1538, par Gonzale Pizarre. Son lieutenant Orellana s’embarqua ſur ce fleuve, & en parcourut toute l’étendue. Il eut à combattre un grand nombre de nations, qui embarraſſoient la navigation avec leurs canots, & qui, du rivage, l’accabloient de flèches. Ce fut alors que le ſpectacle de quelques ſauvages ſans barbe, comme le ſont tous les peuples Américains, offrit ſans doute à l’imagination vive des Eſpagnols, une armée de femmes guerrières, & détermina l’officier qui commandoit, à changer le nom de Maragnon que portait ce fleuve, en celui de l’Amazone, qu’on lui a depuis conſervé.

On pourroit être étonné que l’Amérique n’ait enfanté aucun prodige dans la tête des