Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/90

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forêts, de porter les vivres & le bagage dans les guerres & dans leurs chaſſes, avoit dû, ajoute t-on, les rendre naturellement capables de cette réſolution hardie.

Mais des femmes qui avoient une averſion ſi décidée pour les hommes, pouvoient-elles conſentir à devenir mères ? Mais des époux pouvoient-ils aller chercher des épouſes, dont ils avoient rendu la condition intolérable, & qui les chaſſoient dès que l’ouvrage de la génération étoit achevé ? Mais le ſexe le plus doux, le plus compatiſſant, pouvoit-il expoſer ou égorger ſes enfans, ſous prétexte que ces enfans n’étoient pas des filles ; & commettre de ſang froid, d’un accord général, des atrocités qui appartiennent à peine à quelques individus qu’agitent la rage & le déſeſpoir ? Mais une république ariſtocratique, ou démocratique, qu’il faut être capable de gouverner, pouvoit-elle être régie par un sénat de femmes ; quoiqu’un état monarchique ou deſpotique, où il ne faut que vouloir, l’ait été, puiſſe l’être encore par une ſeule femme ? Que l’on conſidère la foibleſſe organique du ſexe ; ſon état preſque toujours valétudi-