Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/101

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Ces nations vivent dans une ignorance entière de cet art ſi révéré parmi nous ſous le nom de politique. Cependant ils ne laiſſent pas d’en obſerver les formalités, & certaines bienséances. L’uſage des ambaſſades leur eſt familier, ſoit pour ſolliciter des ſecours contre un ennemi puiſſant, ou pour réclamer une médiation dans les différends, ou pour faire compliment ſur des ſuccès, ſur une naiſſance, ſur une pluie après une grande séchereſſe. L’envoyé ne doit jamais s’arrêter plus d’un jour au terme de ſa miſſion, ni voyager pendant la nuit dans les états d’un prince étranger. Il marche précédé d’un tambour qui annonce au loin ſon caractère, & accompagné de cinq ou ſix de ſes amis. Dans les lieux où il s’arrête pour prendre du repos, il eſt reçu avec reſpect ; mais il n’en peut partir avant le lever du ſoleil, & ſans que ſon hôte ait aſſemblé quelques perſonnes qui puiſſent témoigner qu’il ne lui eſt arrivé aucun accident. Au reſte, on ne connoît aucune de ces négociations qui ait un objet un peu compliqué. Jamais on ne ſtipule rien pour le paſſé, jamais rien pour l’avenir, tout eſt pour le préſent. D’où