Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/112

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Tandis quelles épuiſent au ſervice de leurs tyrans le peu que la nature leur a donné de force, ces barbares coulent des jours inutiles dans une inaction entière. Raſſemblés ſous d’épais feuillages, ils fument, ils boivent, ils chantent ou ils danſent. Ces amuſemens de la veille ſont ceux du lendemain. Des conteſtations ne troublent jamais ces plaiſirs. Il y règne une bienséance qu’on ne devroit pas raiſonnablement attendre d’un peuple ſi peu éclairé.

On n’eſt pas moins ſurpris qu’il ſoit déſintéreſſé. À l’exception des côtes où nos brigandages ont formé des brigands ; il règne par-tout une grande indifférence pour les richeſſes. Rarement les plus ſages même ſongent-ils au jour qui doit ſuivre ; auſſi l’hoſpitalité eſt-elle la vertu de tous. Celui qui ne partageroit pas avec ſes voiſins, ſes parens & ſes amis ce qu’il rapporteroit de la chaſſe ou de la pêche, s’attireroit le mépris public. Le reproche d’avarice eſt au-deſſus de tous les reproches. On le fait aux Européens qui ne donnent rien pour rien, en les appelant des mains fermées.

Tel eſt le caractère général des peuples de