Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/176

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Il n’y a que le Portugais qui, durant ſa traversée, ſoit à l’abri de révoltes & d’autres calamités. Cet avantage eſt une ſuite de l’attention qu’il a de ne former principalement ſes armemens qu’avec des nègres affranchis. Les eſclaves raſſurés par les diſcours & la ſituation de leurs compatriotes, ſe font une idée aſſez favorable de la deſtinée qui les attend. Leur tranquillité fait accorder aux deux ſexes la conſolation d’habiter enſemble : complaiſance qui, dans les autres bâtimens, entraîneroit des inconvéniens terribles.

La vente des eſclaves ne ſe fait pas de la même manière dans toute l’Amérique. L’Anglois, qui a acheté indifféremment tout ce qui s’eſt préſenté dans le marché général, ſe défait en gros de ſa cargaiſon. Un ſeul marchand l’acquiert entière. Les cultivateurs la prennent en détail. Ce qu’ils rebutent eſt envoyé dans les colonies étrangères, ſoit en interlope, ſoit avec permiſſion. On y eſt plus tenté par le bon marché du nègre, que rebuté par ſa mauvaiſe conſtitution, & on l’achète. Les yeux s’ouvriront un jour.

Les Portugais, les Hollandois, les Fran-