Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

rein borné, & deux heures par jour pour le cultiver. Ceux d’entre eux qui ont de l’activité, de l’intelligence, ne ſe bornent pas à tirer leur ſubſiſtance de leurs petites plantations, ils en obtiennent un ſuperflu qui leur aſſure une fortune plus ou moins conſidérable.

Louis Deſrouleaux, que ſes projets rendoient très-économe & très-laborieux, eut bien-tôt amaſſé des fonds plus que ſuffiſans pour ſe racheter. Il les offrit avec tranſport pour prix d’une indépendance tant de fois promiſe. J’ai trop trafiqué du ſang de mes ſemblables, lui dit ſon maître, d’un ton humilié : ſois libre, tu me rends à moi-même. Tout de ſuite cet homme, dont le cœur avoit été plutôt égaré que corrompu, vend ſes habitations & s’embarque pour la France.

Pour ſe rendre dans ſa province, il falloit traverſer Paris. Il ne vouloit s’y arrêter que peu : mais les plaiſirs variés que lui offroit cette ſuperbe & délicieuſe capitale, le retinrent juſqu’à ce qu’il eût follement diſſipé les richeſſes acquiſes par de longs & heureux travaux. Dans ſon déſeſpoir, il jugea moins humiliant d’aller ſolliciter en Amérique les