Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il y a quelques puiſſances dont les établiſſemens des iſles de l’Amérique acquièrent tous les jours de l’étendue, & il n’y en a aucune dont la maſſe de travail n’augmente continuellement. Ces terres exigent donc de jour en jour un plus grand nombre de bras pour leur exploitation. L’Afrique, où les Européens vont recruter la population de leurs colonies, leur fournit graduellement moins d’hommes ; & en les donnant plus foibles, elle les vend plus cher. Cette mine d’eſclaves s’épuiſera de plus en plus avec le tems. Mais cette révolution dans le commerce fût-elle auſſi chimérique qu’elle paroit prochaine ; il n’en reſte pas moins démontré, qu’un grand nombre d’eſclaves tirés d’une région éloignée périt dans la traversée ou dans un nouvel hémiſphère ; que rendus en Amérique ils reviennent à un très-haut prix ; qu’il y en a peu dont la vie ordinaire ne ſoit abrégée ; & que la plupart de ceux qui parviennent à une vieilleſſe malheureuſe, ſont extrêmement bornés, accoutumés dès l’enfance à l’oiſiveté, ſouvent peu propres aux occupations qu’on leur deſtine, & continuellement déſeſpérés d’être séparés pour toujours