Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/204

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ces indignes raviſſeurs des biens & de la liberté de tant de peuples.

XXIV. Origine & progrès de l’eſclavage. Argumens imaginés pour le juſtifier. Réponſe à ces argumens.

Car on ne s’avilira pas ici juſqu’à groſſir la liſte ignominieuſe de ces écrivains qui conſacrent leurs talens à juſtifier par la politique ce que réprouve la morale. Dans un ſiècle où tant d’erreurs ſont courageuſement démaſquées, il ſeroit honteux de taire des vérités importantes à l’humanité. Si tout ce que nous avons déjà dit, n’a paru tendre qu’à diminuer le poids de la ſervitude ; c’eſt qu’il falloit ſoulager d’abord des malheureux qu’on ne pouvoit délivrer ; c’eſt qu’il s’agiſſoit de convaincre leurs oppreſſeurs même, qu’ils étoient cruels au préjudice de leurs intérêts. Mais en attendant que de grandes révolutions faſſent ſentir l’évidence de cette vérité, il convient de s’élever plus haut. Démontrons d’avance qu’il n’eſt point de raiſon d’état qui puiſſe autoriſer l’eſclavage. Ne craignons pas de citer au tribunal de la lumière & de la juſtice éternelles, les gouvernemens qui tolèrent cette cruauté, ou qui ne rougiſſent pas même d’en faire la baſe de leur puiſſance.

L’eſclavage eſt l’état d’un homme qui, par