Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/223

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dernes. Tous les codes, ſans exception, ſe ſont armés pour la conſervation de l’homme même qui languit dans la ſervitude. Ils ont voulu que ſon exiſtence fût ſous la protection du magiſtrat, que les tribunaux ſeuls en puſſent précipiter le terme. Mais cette loi, la plus ſacrée des inſtitutions ſociales, a-t-elle jamais eu quelque force ? L’Amérique n’eſt-elle pas peuplée de colons atroces, qui, uſurpant inſolemment les droits ſouverains, font expier par le fer ou dans la flamme, les infortunées victimes de leur avarice ? À la honte de l’Europe, cette ſacrilège infraction ne reſte-t-elle pas impunie ? Je vous défie, vous, le défenſeur ou le panégyriſte de notre humanité & de notre juſtice, je vous défie de me nommer un des aſſaſſins, un ſeul qui ait porté ſa tête ſur un échafaud.

Suppoſons, je le veux bien, l’obſervation rigoureuſe de ces réglemens qui à votre gré honorent ſi fort notre âge. L’eſclave ſera-t-il beaucoup moins à plaindre ? Eh quoi ! le maître qui diſpoſe de l’emploi de mes forces, ne diſpoſe-t-il pas de mes jours qui dépendent de l’uſage volontaire & modéré