Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/226

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femme, la propriété d’un mari ; un domeſtique, la propriété d’un maître ; un nègre, la propriété d’un colon ? Être ſuperbe & dédaigneux qui méconnois tes frères, ne verras-tu jamais que ce mépris rejaillit ſur toi ? Ah ! ſi tu veux que ton orgueil ſoit noble, aie aſſez d’élévation pour le placer dans tes rapports néceſſaires avec ces malheureux que tu avilis. Un père commun, une âme immortelle, une félicité future : voilà la véritable gloire, voilà auſſi la leur.

Mais c’eſt le gouvernement lui-même qui vend les eſclaves.

D’où vient à l’état ce droit ? Le magiſtrat, quelque abſolu qu’il ſoit, eſt-il propriétaire des ſujets fournis à ſon empire ? A-t-il d’autre autorité que celle qu’il tient du citoyen ? Et jamais un peuple a-t-il pu donner le privilège de diſpoſer de ſa liberté ?

Mais l’eſclave a voulu ſe vendre. S’il s’appartient à lui-même, il a le droit de diſpoſer de lui. S’il eſt maître de ſa vie, pourquoi ne le ſeroit-il pas de ſa liberté ? C’eſt à lui à ſe bien apprécier. C’eſt à lui à ſtipuler ce qu’il croit valoir. Celui dont il aura reçu le prix convenu l’aura légitimement acquis.

L’homme