Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des ſuperſtitions extravagantes, des coutumes barbares, des loix ſurannées étouffent la liberté. Elle renaîtra, ſans doute, un jour de ſes cendres. À meſure que la morale & la politique feront des progrès, l’homme recouvrera ſes droits. Mais pourquoi faut-il, qu’en attendant ces tems heureux, ces ſiècles de lumière & de proſpérité, il y ait des races infortunées à qui l’on refuſe juſqu’au nom conſolant & honorable d’hommes libres, à qui l’on raviſſe juſqu’à l’eſpoir de l’obtenir, malgré l’inſtabilité des événemens ? Non, quoi qu’on en puiſſe dire, la condition de ces infortunés n’eſt pas la même que la nôtre.

Le dernier argument qu’on ait employé pour juſtifier l’eſclavage, a été de dire que c’étoit le ſeul moyen qu’on eût pu trouver, pour conduire les nègres à la béatitude éternelle par le grand bienfait du baptême.

O débonnaire Jéſus, euſſiez-vous prévu qu’on feroit ſervir vos douces maximes à la juſtification de tant d’horreur ! Si la religion, chrétienne autorifoit ainſi l’avarice des empires, il faudroit en proſcrire à jamais les