Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/245

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l’indolence que la chaleur du climat répand dans le travail même. Ils ont accumulé des herbes au pied des cafiers, ſans voir que ces herbes, qu’on ne prenoit pas même la peine de couvrir de terre, échauffoient l’arbre & ſervoient d’afyle à des inſectes qui le dévoroient. On n’a guère été moins négligent dans le ſoin des troupeaux.

Tous les quadrupèdes domeſtiques de l’Europe ont été portés en Amérique par les Eſpagnols ; & c’eſt de leurs établiſſemens que les colonies des autres nations les ont tirés. À l’exception du cochon qui, fait pour réuſſir dans les régions abondantes en fruit aquatiques, en inſectes, en reptiles, eſt devenu plus grand & d’un meilleur goût, ces animaux ont tous dégénéré, & l’on n’en trouve dans les iſles que de très-petites races. Quoique le vice du climat puiſſe avoir quelque part à cette dégradation, le défaut de ſoin en eſt peut-être la principale cauſe. Ils couchent toujours en plein champ. On ne leur donne jamais ni ſon ni avoine, & ils ſont au verd toute l’année. On leur refuſe juſqu’à l’attention de diviſer les prairies en pluſieurs quartiers, pour les faire paſſer alternativement de