Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/303

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de votre pinceau, ou que vos chants ſimples, expreſſifs & mélodieux vous aient placé ſur la ligne de Pergolèſe ; vous jouirez d’une grande réputation, mais non de la gloire. Je dis plus. Égalez Vauban dans l’art de fortifier les places ; Turenne ou Condé dans l’art de commander les armées. Gagnez des batailles, conquérez des provinces. Toutes ces actions ſeront belles ſans doute, & votre nom paſſera à la poſtérité la plus reculée : mais c’eſt à d’autres qualités que la gloire eſt réſervée. On n’a pas la gloire pour avoir ajouté à celle de ſa nation. On eſt l’honneur de ſon corps, ſans être la gloire de ſon pays. Un particulier peut ſouvent aſpirer à la réputation, à la renommée, à l’immortalité. Il n’y a que des circonſtances rares, une heureuſe étoile qui puiſſent le conduire à la gloire.

La gloire appartient à Dieu dans le ciel. Sur la terre, c’eſt le lot de la vertu & non du génie ; de la vertu utile, grande, bienfaiſante, éclatante, héroïque. C’eſt le lot d’un monarque qui s’eſt occupé pendant un règne orageux du bonheur de ſes ſujets, & qui s’en eſt occupé avec ſuccès. C’eſt le lot