Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plus hardis d’entre eux ont plus d’un gouvernement, & que quelques foibles diſtricts de la haute Égypte ſont confiés, de tems immémorial, à des cheiks Arabes. Quoiqu’ils duſſent être tous égaux, celui de la capitale prend communément de l’empire ſur les autres, à moins qu’il ne ſoit ſupplanté par quelqu’un de ſes collègues plus riche, plus puiſſant ou plus adroit que lui. Mais ſoit que l’équilibre ſe maintienne, ſoit qu’il ſoit rompu, les Turcs libres n’obtiennent jamais que les emplois civils ou eccléſiaſtiques. Les dignités militaires, les charges du gouvernement, tous les grands honneurs ſont uniquement pour des hommes ſortis de la ſervitude. Le divan, composé des beys & de leurs créatures, eſt réellement le ſouverain. Le pacha, qui repréſente le ſultan, reçoit des hommages. Les ordres ſont même donnés en ſon nom ; mais d’inſolens eſclaves les lui dictent. S’il ſe refuſe à ce qu’on exige, il eſt déposé & mène une vie privée juſqu’à ce que le sérail ait proſcrit ſa tête ou prononcé ſon rappel.

Les vraies forces de l’Égypte réſident dans les Mamelucs. Comme ils ſont tous