Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/319

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conquérans de l’Amérique n’ont-ils pas tous fait naufrage à cette iſle ? Mais le malheur des deux mondes a voulu qu’ils l’aient trop tard connue, & qu’ils n’y aient pas trouvé la mort due à leur avarice.

Le mancenillier ſemble n’avoir été funeſte qu’aux Américains. Les habitans de l’iſle qui le produit s’en ſervoient pour repouſſer le Caraïbe accoutumé à faire des incurſions ſur leurs côtes. Ils pouvoient employer les mêmes armes contre les Européens. L’Eſpagnol qui ignoroit alors que le ſel appliqué ſur la bleſſure, au moment du coup, en eſt le remède infaillible, auroit ſuccombé peut-être aux premières atteintes de ce poiſon. Mais il n’éprouva pas la moindre réſiſtance de la part de ces ſauvages inſulaires. Inſtruits de ce qui s’étoit paſſé dans la conquête des iſles voiſines, ils regardoient ces étrangers comme des êtres ſupérieurs à l’humanité. Ils ſe jetèrent d’eux-mêmes dans les fers. Cependant ils ne tardèrent pas à ſouhaiter de briſer le joug inſupportable qu’on leur avoit imposé. Seulement avant de le tenter, ils voulurent ſavoir ſi leurs tyrans étoient ou n’étoient pas immor-