Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/367

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des rochers où ſe briſeroient infailliblement les bâtimens qui oſeroient s’éloigner du milieu de la paſſe. Le fort Morro & le fort de la Pointe le défendent. La première de ces deux citadelles eſt tellement élevée au-deſſus du niveau de la mer, qu’il ſeroit impoſſible, même aux navires du premier rang, de la battre. L’autre ne jouit pas du même avantage : mais on ne pourroit la canonner que par un canal ſi étroit, que les plus fiers aſſaillans ne ſoutiendroient jamais la nombreuſe & redoutable artillerie du Morro.

La Havane ne peut donc être attaquée que du côté de terre. Quinze ou ſeize mille hommes, qui ſont la plus grande force qu’il ſoit poſſible d’employer à cette expédition, ne pourront jamais inveſtir tous les ouvrages qui ont acquis une étendue immenſe. Il faudra tourner leurs efforts vers la droite ou vers la gauche du port, contre la ville ou contre le fort Morro. Si on ſe détermine pour le dernier parti, la deſcente ſe fera aisément à une lieue du fort, & l’on arrivera ſans peine à ſa vue par des chemins faciles, par des bois qui couvriront & aſſureront la marche.