Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/382

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ſur ſes pas ; ſoit par un reſpect imbécile pour tout ce qui date de loin.

Que la cour de Madrid ſe hâte d’ouvrir ſes tréſors ; & les iſles ſoumiſes à ſon empire ſe couvriront de productions. Placés ſur un ſol vaſte & vierge, ſes ſujets ne ſeront pas ſeulement diſpensés d’acheter à grand frais ce qui ſert à leur conſommation ; dans peu, ils ſupplanteront dans tous les marchés leurs maîtres dans cette carrière. Les nations les plus actives, les plus induſtrieuſes, les plus éclairées, n’auront travaillé, pendant des ſiècles, à perfectionner leurs cultures, leurs méthodes & leurs ateliers, que pour un rival plus favorisé qu’elles de la nature. Mais ſouffriront-elles patiemment cette infortune ? Il eſt difficile de l’eſpérer.

XIV. Les nations qui ont des colonies en Amérique ſouffriroient-elles que les iſles Eſpagnoles devinſſent floriſſantes ?

Depuis l’origine des ſociétés, il règne entre elles une funeſte jalouſie, qui ſemble devoir être éternelle, à moins que, par quelque révolution inconcevable, de grands intervalles déſerts ne les séparent. Juſqu’à ce jour, elles ſe ſont montrées telles qu’un citoyen de nos villes, qui, perſuadé que plus ſes concitoyens ſeroient indigens & foibles, plus il ſeroit riche & puiſſant ; mieux