Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/408

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les travaux du cultivateur. Tel eſt, preſque ſans exception, l’intérieur de la Guyane.

Ses rives préſentent un autre ſpectacle. Les nombreuſes rivières qui, de ce vaſte eſpace, ſe précipitent dans l’océan, dépoſent ſans ceſſe ſur leurs bords & ſur la côte entière une multitude prodigieuſe de graines qui germent dans la vaſe & produiſent en moins de dix ans des arbres de haute-futaie, connus ſous le nom de palétuviers. Ces grands végétaux, que de profondes racines attachent à leur baſe, occupent tout l’eſpace où le flux ſe fait ſentir. Ils y forment de vaſtes forêts couvertes de quatre ou cinq pieds d’eau durant le flot, & après qu’il s’eſt retiré, d’une vaſe molle & inacceſſible.

Sur la côte, ce ſpectacle unique, peut-être dans le globe, varie toutes les années. Dans les endroits où les courans jettent & accumulent des ſables, le palétuvier périt très-rapidement, & les forêts emportées par les ondes diſparoiſſent. Ces révolutions ſont moins fréquentes aux bords des rivières, où les ſables entraînés des montagnes durant les orages, ſont pouſſés au large par la rapidité des eaux.