Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/420

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merveilles opérées en moins d’un ſiècle dans des bourbiers originairement dégoûtans & mal-ſains. Mais une raiſon sévère vient tempérer l’excès de l’enchantement. Les capitaux occupés par ces ſuperfluités, ſeroient plus ſagement employés à la multiplication des productions vénales.

Un des moyens qui ont le plus encouragé les travaux & l’eſpèce de luxe qu’on s’eſt permis, a été la facilité extrême que les colons ont trouvée à ſe procurer des fonds. Ils ont obtenu à cinq ou ſix pour cent tout l’argent qu’ils pouvoient employer : mais ſous la condition formelle que leurs plantations reſteroient hypothéquées à leur créancier ; & que juſqu’à ce qu’on l’eut entièrement payé, ils ſeroient obligés de lui livrer la totalité de leurs productions au prix courant de la colonie.

XXIV. État actuel de la colonie de Surinam & l’étendue de ſes dettes.

Avec ces ſecours, il s’eſt formé ſur les bords du Surinam, du Commawine, des rivières de Cottica & de Perſoa quatre cens trente plantations. En 1775, elles donnèrent vingt-quatre millions trois cens vingt mille livres peſant de ſucre brut, qui en Hollande furent vendues 8 333 400 livres ; quinze mil-