Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/442

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parce qu’on ne pouvoit pas se passer de leurs chevaux. La difficulté d’en élever & peut-être d’autres causes, ont perpétué cette liberté. Les chevaux servent tellement de passe-port aux hommes, qu’un bâtiment qui n’en apporteroit pas un nombre proportionné à sa grandeur, n’entreroit pas dans les ports. Mais s’ils viennent à périr dans la traversée, il suffit qu’on en montre les têtes, pour être admis à vendre toute espèce de commestible. Une loi défend de donner à ces navigateurs autre chose en paiement que des sirops & des eaux-de-vie de sucre : elle est peu respectée. Les nouveaux Anglois, avec le droit qu’ils ont usurpé d’importer tout ce qu’ils veulent, exportent les denrées les plus précieuses de la colonie, & se font encore livrer de l’argent, ou des lettres-de-change sur l’Europe. Tel est le droit de la force, dont les peuples républicains usent, non-seulement avec les autres nations, mais entre eux. Les Anglois agissent à-peu-près avec les Hollandois, comme firent les Athéniens à l’égard des Meliens. De tout tems, le plus foible cède au plus fort, disoit Athènes aux Insulaires de Melos : nous n’avons pas fait cette loi ; elle est aussi vieille que le monde &