Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/453

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ſeroit rien ; l’Angleterre ſeroit peu de choſe ; l’Eſpagne & le Portugal ſeroient puiſſans ; la France ſeroit ce qu’elle eſt & qu’elle reſtera à jamais, ſous quelque maître, ſous quelque gouvernement qu’elle paſſe. Une longue ſuite de calamités peut la plonger dans le malheur : mais ce malheur ne ſera que momentané ; la nature travaillant perpétuellement à réparer ſes déſaſtres. Et voilà l’énorme différence entre la condition d’un peuple indigent, & la condition d’un peuple riche par ſon territoire. Ce dernier peut ſe paſſer de toutes les nations qui ne peuvent guère ſe paſſer de lui. Il faut que ſa population s’accroiſſe ſans ceſſe, ſi une mauvaiſe adminiſtration n’en ralentit pas les progrès. Pluſieurs années ſucceſſives d’une diſette générale ne le jetteront que dans un malaiſe paſſager, ſi la prudence du ſouverain y pourvoit. Il n’a preſque aucun beſoin d’alliés. La politique combinée de toutes les autres puiſſances lui laiſſeroit ſes denrées, qu’il n’éprouveroit que l’inconvénient du ſuperflu & la diminution de ſon luxe ; effet qui tourneroit au profit de ſa force qu’il énerve, & de ſes mœurs qu’il a corrompues. La véritable richeſſe, il l’a ; il n’a pas beſoin de l’aller